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La guerre au Yémen : un désastre humanitaire aggravé par la Covid-19

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En 2016, l’ONU déclarait que la guerre au Yémen avait engendré la pire crise humanitaire mondiale. La situation reste aujourd’hui des plus inquiétantes, en raison d’un conflit violent, de la propagation des maladies (choléra et Covid-19), d’une insécurité alimentaire et d’une pauvreté généralisée. Plus de 80% de la population, soit 24 millions de personnes, se retrouvent dépendantes des aides envoyées par les agences de l’ONU et les ONG.

Un homme et son fils yéménites dans un camps de déplacés
Un homme et son fils yéménite dans un camps de déplacés

Depuis 2014, le Yémen a sombré dans une guerre civile. D’un côté, se trouvent les rebelles chiites Houthis soutenus par l’Iran. De l’autre, les forces du gouvernement qui sont appuyées par une coalition arabe menée par l’Arabie Saoudite. Malgré un accord de paix signé en 2018, la situation a peu évolué.

Une crise humanitaire sans précédent 

La guerre au Yémen est un conflit aux enjeux politico-religieux, communautaires et internationaux qui touche en première ligne les civils. Depuis le début du conflit, la quasi-totalité de la population, soit 24 millions de personnes, a besoin d’une assistance humanitaire. Plus de 3 millions de personnes ont été dans l’obligation de quitter leur lieu d’habitation. La famine s’est étendue dans tout le pays et plus de la moitié des établissements de santé ne fonctionne plus. L’économie du pays est catastrophique, la plupart des yéménites n’ont plus de ressources financières pour subvenir à leurs besoins vitaux. La situation humanitaire au Yémen est extrêmement précaire favorisant la propagation des maladies.

Les agences d’aide de l’ONU et les ONG contribuent à aider la population civile à travers l’envoi de produits alimentaires, d’eau, de médicaments et de carburant. Toutefois, le conflit rend régulièrement inaccessible les ports et les aéroports entravant l’approvisionnement des populations.

La disparition d’une génération

Selon L’UNICEF, plus de 2 millions d’enfants souffrent de malnutrition et 400 000 sont dans un état de malnutrition sévère. Plus de 1,2 million de femmes enceintes souffrent de difficultés semblables mettant en péril la santé des enfants avant même leur naissance. L’absence d’un bon état nutritionnel et le non-accès à l’eau potable favorise la propagation des maladies. Environ 9 millions d’enfants n’ont pas accès à de l’eau potable et à des installations sanitaires. Par ailleurs, avec la détérioration des infrastructures scolaires, 7,8 millions d’enfants n’ont pas accès à l’éducation. L’absence généralisée de scolarité expose ceux-ci au risque accru de travail forcé et au recrutement dans des groupes armés. D’après les Nations unies, 3 000 enfants ont été recrutés et utilisés par les forces armées au cours de ces dernières années.

En 2020, plus de 12 millions d’enfants yéménites de moins de 18 ans ont besoin d’une assistance humanitaire. Les traumatismes physiques et psychologiques du conflit ont anéanti toute une génération. Selon l’UNICEF, 30 000 enfants supplémentaires sont atteints de malnutrition depuis le début de l’année. Avec la crise de la Covid-19, 2,4 millions d’enfants risquent d’être touchés par la malnutrition d’ici la fin de l’année.

Un homme et son fils yéménites dans un camps de déplacés
Soldat Houthi qui marche entre les sacs de nourriture apportés par les organisations humanitaires

L’obstruction des aides face à la crise de la Covid-19

La pandémie de Covid-19 s’ajoute à la crise initiale et suscite un effondrement des aides humanitaires au Yémen. Début juin, l’ONU réclamait un renforcement de toutes les opérations sanitaires au sein du pays. Dans une telle situation, le virus est susceptible de se propager plus rapidement avec des conséquences plus meurtrières. Fin août, le gouvernement yéménite avait confirmé 1 950 décès liés à la Covid-19. Toutefois, le nombre réel est certainement plus élevé compte tenu des dispositifs de santé défectueux et des dépistages limités.

Selon un rapport publié par Human Right Watch, les Houthis ont enjoint les professionnels de santé à ne pas signaler les cas de Covid-19 et ont restreint l’acheminement des aides. Depuis le début du conflit, les Houthis ont régulièrement recours à des blocus contre les contributions des agences humanitaires afin d’atteindre les civils dans le besoin. Outre l’argent et l’aide qu’ils détournent à leur profit, les groupes armés instrumentalisent les aides pour renforcer leur pouvoir.

Cette utilisation détournée des aides engendre une baisse de la contribution des bailleurs de fond aux agences d’aide. L’ONU n’aurait reçu que 24% des 3,4 milliards de dollars demandés pour l’année 2020. Par ailleurs, les désaccords entre les Houthis et le gouvernement yéménite en juin, sur la réglementation de la taxation du carburant importé, a causé une nouvelle pénurie de carburant. Celle-ci a réduit davantage l’accès à la nourriture, aux soins hospitaliers et à l’approvisionnement en eau des yéménites. Avec la limitation des interventions du personnel humanitaire et la perte des financements, les agences d’aide craignent une augmentation de la famine et des décès.

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Garance GUILLEMOT

Je suis diplomée du Master 2 Global and European Relations option International Security Policy de l’European School of Political and Social Sciences. Je m'intéresse particulièrement aux problématiques internationales de paix, de sécurité et de défense.

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